Il serait prétentieux d’essayer de décrire le Chiapas en un seul article. Et il faudrait des mois pour tout visiter, pour tout essayer, pour tout respirer, pour tout ressentir et pour tout comprendre. En compagnie de notre acolyte Pec (ou Poulet, ou Pollo ou El Peco c’est selon…) durant les dix premiers jours, nous avons ensuite prolongé seuls cette quête quasi spirituelle. Et, chaque jour durant, nous avons de nos propres yeux été les témoins de la beauté de cette région. On va vous raconter.
Les mayas à toutes les pages de l’histoire
Nous avons commencé notre périple à Palenque et ses ruines. Lakam Ha, en langue maya, est enfouie dans une jungle profonde et luxuriante depuis l’an 100 avant J.-C. Malgré plusieurs explorations ces deux derniers siècles, on estime que moins de 10% de la superficie totale du site a été fouillé. A tout moment, on pourrait se croire dans la trilogie (le 4ème opus ne compte pas !) d’Indiana Jones, on rêve la bouche ouverte, on a envie de pénétrer à l’intérieur de chaque temple, on a envie de creuser, on a envie de découvrir.
En début d’année, nous avons fait un crochet par Tonina, un site archéologique boudé par le tourisme de masse, bien loin de l’effervescence de Chichen Itza et Teotihuacán. Gravir les 260 marches de pierre de la grande pyramide, c’est gravir le temps en admirant les nombreuses sculptures et peintures murales. A Tonina, on découvre une citée qui cache encore bien des mystères, et tout ça dans un calme olympien qui vous fait méditer sur l’Histoire de la vie durant tout le temps de la visite.
« On ne peut cueillir une fleur sans perturber une étoile »
Le Chiapas doit compter au moins… un bon million de cascades, toutes plus enchanteresses les unes que les autres.
Celles d’El Chiflón sont particulièrement spectaculaires. On se ballade le long d’une rivière aux eaux turquoises avant d’arriver au pied d’El Suspiro, la première chute d’eau. On escalade ensuite la montagne afin de découvrir les autres qui se superposent et forment une énorme masse d’eau qui semble tomber tout droit du ciel, dans un capharnaüm dantesque.
Plus au nord, il faut se rendre dans la charmante petite ville de Chiapa de Corzo afin d’avoir la chance de voguer au milieu des impressionnants Cañón del Sumidero. Très vite, on peut observer des singes-araignées sur les arbres et des crocodiles endormis dans les roseaux. On découvre l’immensité de notre nature et on se sent tout petit là au milieu.
Nous avons terminé notre épopée mexicaine par le plus beau des paradis : la Selva Lacandona. Les Lacandones, un groupe indigène maya, ne vit pas dans la forêt mais avec, à travers elle. Depuis toujours, ils communiquent avec les arbres, les plantes, les animaux, le cosmos et se battent (dans tous les sens du terme), génération après génération, pour la sauvegarde de ce jardin d’Eden terrestre. Le titre de ce paragraphe, un proverbe ancestral, le prouve de la plus belle des façons.
Afin de rejoindre le coeur de la forêt, là où les singes règnent à la cime des arbres, on a dû enfourcher un kayak pour descendre la rivière, sauter d’une cascade de cinq mètres et braver l’humidité et une armée de moustiques. Et comme l’a si bien dit notre guide afin de nous tranquilliser : « Ne vous en faites pas, les jaguars se baladent en forêt uniquement la nuit ».
L’héritage espagnol
Si l’Etat héberge plusieurs villes bien dégueulasses – quoique le Zocalo de Comitan de Dominguez et ses décorations de Noël avait son charme – il compte également de magnifiques rues pittoresques et colorées, bordées de bâtiments coloniaux. On y ajoute une population indigène et on arrive en plein centre de San Cristobal de la Casas. Crée en 1528, la capitale culturelle du Chiapas est perchée à quelques 2’200 mètres d’altitude.
On peut cependant regretter qu’après les tremblements de terre de 2017, aucun édifice – églises et bâtiments d’époque – n’ai été restauré. Par conséquent, on ne peut plus vraiment immortaliser en photo l’héritage de la cité.
Sur la route, au départ de Puebla, Oaxaca demeure une étape incontournable au Mexique.
A l’instar de San Cristobal de la Casas, la ville a également conservé un cachet unique où on se perd avec délectation au milieu des rues pavées et des patios cachés.
Pour en remettre une couche avec l’archéologie, il est indispensable de monter jusqu’à Monte Alban qui a connu son apogée lors de la période zapotèque.
Clap de fin
On termine en beauté notre étape mexicaine qui aura duré 70 jours au total. Afin d’examiner tous les contrastes que nous offre généreusement le Chiapas, nous nous sommes réfugiés durant 3 jours à Boca del Cielo, un coin de terre intemporel coincé entre une lagune et l’océan pacifique qui déchire l’horizon à l’ouest jusqu’à ce que le soleil lui dise non.