A bord du légendaire El Chepe

13-14.11.2021

El Fuerte et Bahuichivo via Los Mochis 

24 heures avant le jour « J », on pose nos valises à El Fuerte qui, comme plusieurs autres municipalités de la région, a été élu « Pueblo magico » (village magique) et semble comme suspendu dans le temps. Ses importantes bâtisses comme le fort, le Palacio Municipal sans oublier la Parroquia del Sagrado Corazon de Jésus, le plus grand édifice religieux de la citée, héritage des temps lointains, nous invitent à imaginer la vie d’autrefois.

Nos billets de train en poche, nous décidons de partir à 7h00 du matin afin d’arriver tôt sur le quai: c’est du moins ce qu’on nous conseille. Arrivés à la gare d’El Fuerte, bâtiment fantomatique situé dans la périphérie de la ville, nous prenons notre mal en patience durant une petite heure et attendons impatiemment le sifflement de la majestueuse locomotive du El Chepe, train classé dans le top 10 mondial. Inutile de préciser qu’on a hâte. 

On nous fait monter par le wagon-restaurant, on nous attribue un siège confortable mais, c’est debout et entre deux voitures, là où les fenêtres restent ouvertes, que nous allons passer la majeure partie du voyage. 

Au bout d’une petite heure, le train débute son ascension en pente douce et s’engouffre dans des canyons parfois vertigineux. On traverse des ponts et des tunnels à vitesse panoramique. Les paysages sont époustouflants, le temps passe à la vitesse de la lumière mais on ne peut malheureusement pas refaire un tour de manège.

Après 6 heures de rêvasseries ferroviaires, nous décidons de faire une escale à Bahuichivo, petit village à flan de colline, et passons la journée à observer la vie locale. C’est typique, on ne trouvera pas meilleur adjectif pour décrire ce village du nord du Mexique. Le dernier tronçon jusqu’à Creel sera pour demain. 

15-17.11.2021

Creel: entre la Mongolie et la Suisse

Sous la lune, Creel pourrait ressembler à un quartier décentré d’Ulan Bator, avec ses toits de tôles aux tuyaux qui crachent du vieux charbon et à ses bandes de gosses qui errent dans le noir, un capuchon sur la tête. La rue principale par contre, bordées de boutiques et de restaurants chauffés et faits tout de bois, pourrait presque être comparée à une station de ski helvétique. Presque, on est bien au Mexique et ça se voit. 

Arrivés sur le coup des 19h00 dans un froid quasi polaire, on gagne aux pas de course et non sans mal notre pension. On se réfugie ensuite sous d’épaisses couvertures dans une chambre des plus hospitalières en attendant impatiemment un nouveau matin ensoleillé. Ma foi, la découverte de Creel sera pour demain. 

Il faut se placer dans le contexte météorologique de la région: cette petite bourgade de quelques 5’000 âmes se trouve à 2’230m d’altitude et il faut que le soleil soit déjà haut dans le ciel avant d’imaginer une quelconque ballade. Sans être frileux pour autant, les habits chauds se font rares dans notre sac 40L. 

Départ sur le coup des 10h00 où nous découvrons un paysage aux nuances occidentales, composé de vastes plaines encombrées par une multitude de masses rocheuses, de pins, de chênes et de cultures aux teintes beiges-cramées. Notre chemin passe par une jolie mission abandonnée, plantée au milieu des terres sableuses. 

On photographie les enfants, on croise des femmes aux habits colorés issues de la communauté Raramuri qui arpentent les rues et les campagnes en vendant leur artisanat, avant de déboucher sur le lac Arareco qui semble avoir été abandonné par Dieu lui-même. 

Après 48 heures à Creel, départ pour Chihuahua et retour sur la capitale et ses 20 millions d’habitants. La descente du Continent peut commencer. 

@Les incontournables:le train El Chepe, la petite ville d’El Fuerte et les ballades dans l’Etat de Chihuahua

@La minute culture: Long de 637 kilomètres, le chemin de fer Chihuahua-Pacifique passe sur 37 ponts, 86 tunnels et atteint jusqu’à 2’438 mètres d’altitude

@Le logis:Hacienda Santa Cruz Del Fuerte à El Fuerte; Hôtel Indios à Bahuichivo; Hôtel Las Herraduras à Creel 

@L’anecdote:depuis le début de notre voyage, on se surnomme affectueusement «Les boulets» et le terme est parfois faible. A Bahuichivo par exemple, on a réussi à s’enfermer à l’extérieur de notre chambre. Heureusement, la fenêtre était ouverte mais il a fallu décrocher une partie de la moustiquaire et jouer les équilibristes afin de gagner l’intérieur. On en rit encore (ha ha… ha).