Sur le toit du Guatemala

Il serait incomplet de visiter le pays sans faire l’ascension de l’Acatenango. Le volcan, qui domine la ville coloniale d’Antigua, culmine à 3’976 mètres et le défi est de taille. Tout commence la vieille à San Jose Calderas, un petit village isolé où notre guide a élu domicile. 

Nous passons la nuit chez l’habitant, dans des conditions quelques peu précaires. Il fait déjà froid mais qu’importe, toutes nos pensées flottent vers notre marche du lendemain. On prépare nos sacs avec précaution, on reçoit des gants, des bonnets et un bâton, un simple bout de bois qui deviendra pourtant notre meilleur allié durant les prochaines 24 heures. Après un petit-déjeuner composé d’oeufs brouillés, d’avocats et d’haricots, départ à 9h00 pétante. 

L’ascension se fera en quatre parties, toutes plus ou moins difficiles. Dès nos premiers pas, nous suivons un chemin de terre en pente raide durant une grosse heure. Nous fixons le sol afin de tromper nos cerveaux et faisons déjà le deuil de nos mollets respectifs. Et la suite ne sera pas bien différente. Nous traversons ensuite une forêt humide où les nuages s’enlacent aux arbres et prenons rapidement de l’altitude. Puis soudain, toute la vallée s’offre à nous, comme une première récompense. 

La dernière étape est sans doute la plus difficile de la journée. Après quatre heures de marche, le sol devient sableux et ne décline pas, bien au contraire.

Puis vient la libération lorsque nous apercevons enfin le camps de base. Rapidement, l’épaisse couverture de cumulus s’incline et nous laisse admirer le spectacle  : au fond à gauche le volcan Agua et, pile en face, le majestueux volcan Fuego qui, déjà en cet fin d’après-midi ensoleillée, gronde et crache une épaisse fumée noire à un rythme plus au moins régulier.

Le clou du spectacle arrivera sous la lune, lorsque les explosions de lave en fusion raviront nos yeux ébahis par cette magie terrestre. 

Après une nuit polaire à disparaitre dans nos sacs de couchage, il est temps de terminer l’ascension. Il est 4 heures du matin et notre guide nous a prévenu  : le plus difficile est à venir. 1h30 de marche est encore nécéssaire avant de gagner le sommet du volcan et le chemin est périlleux. Avec comme seul éclairage une lampe de poche frontale, nous nous engageons le long d’un sentier sinueux qui zigzague entre rochers et précipices. La bise est dantesque, nos jambes ont demandé le divorce mais une force venue d’ailleurs nous pousse inéluctablement vers le haut. 

Le lever de soleil, comme une fleur au printemps, émerge de la terre. Et la vue, qui s’étend jusqu’à l’océan Pacifique, nous offre un panorama royal sur trois volcans différents. Cette fois nous y sommes, sur le toit du Guatemala.